Editorial septembre 2010

Pourquoi fait-il froid ?

Bon n’exagérons pas nous sommes en hiver.

Alors que tous les médias et météorologistes nous rabattent les oreilles avec le réchauffement de la planète et les dangers qui en découlent, aucune de ces personnes n’est en mesure d’expliquer, dans une émission qui pourrait être consacrée à la vague de froid qui s’est abattue cet hiver sur l’ensemble du globe, les raisons de l’inversion de la tendance.

Le réchauffement de la planète fait fondre la calotte glacière. L’eau douce de cette calotte se déverse dans la mer et dénature la fragilité des courants marins, en particulier, pour ce qui nous concerne, le Gulf Stream qui est un courant chaud créé par un fragile mélange d’eau douce et d’eau de mer. Dénaturer le Gulf Stream provoque un refroidissement de ce courant chaud et donc, un refroidissement du climat. Les scientifiques pensent que, à terme, le réchauffement climatique provoquerait une ère glacière qui toucherait principalement le nord de l’Europe et du continent américain.

GLAGLA . Pourquoi les températures chutent-elles à ce point alors que la planète se réchauffe ?

 

La planète se réchauffe et, pourtant, on grelotte de Lille à Perpignan, Brest et Strasbourg.

Pourquoi il fait froid ?

Alors que nous vivions un début novembre très doux (19°C en Alsace), de l’air froid «s’est accumulé en Scandinavie», explique Patrick Galois (Météo France). Cette masse d’air s’est écoulée vers le Sud, provoquant une situation très contrastée : 23°C à Sofia, et -18°C au pays de Galles. Un sacré écart.
Actuellement, la situation est exceptionnelle en France : «L’air froid est bloqué au sol, mais il y a du vent d’ouest humide, en altitude, le tout produisant du froid et de la neige.»

Pourquoi nos hivers sont-ils plus ou moins froids ?

Depuis peu, les climatologues ont identifié quatre régimes de circulation atmosphérique expliquant 90% de la variation des températures hivernales. Ces régimes favorisent soit les vents d’ouest, qui apportent la douceur atlantique, soit les vents du nord et de l’est, qui apportent le froid sibérien et nordique. Christophe Cassou (CNRS) les détaille : «Il y a d’abord l’Oscillation Nord-Atlantique (NAO). Elle est positive lorsque l’anticyclone des Açores et la dépression sur l’Islande sont forts. Elle est négative lorsque ces phénomènes sont faibles. Troisième régime : le blocage scandinave, marqué par un gros anticyclone sur cette région ; enfin, le dernier : la dorsale atlantique, caractérisé par un anticyclone des Açores se déplaçant au milieu de l’océan.»

Une NAO négative et le blocage scandinave sont causes de froids. Mais, si le premier fait les hivers les plus froids en moyenne, le second provoque les vagues de froid temporaires les plus glaciales. «La NAO positive apporte, elle, des hivers doux. Et la dorsale atlantique du frais», précise Jean-Pierre Ceron (Météo France).

Pourquoi l’hiver dernier a-t-il été si froid ?

La question déclenche une drôle de réaction chez le climatologue : «On se demande plutôt pourquoi il n’a pas fait beaucoup plus froid». Car l’hiver 2009-2010 a été marqué par un record absolu depuis 1958, avec 63 jours sur 90 de NAO négative. Une situation extrême, avec régulièrement «une dépression sur les Açores et un anticyclone sur l’Islande.» Cassou a conduit avec d’autres spécialistes une étude minutieuse (1) comparant pour chaque jour l’indice de la NAO et les températures de 230 stations météo en Europe depuis 1958. Bilan ? «Nous aurions dû avoir l’hiver dernier des températures en général beaucoup plus froides, comparables à celles de l’hiver record de froid du XXe siècle, celui de 1962-1963. La différence provient pour l’essentiel de températures nocturnes moins froides l’hiver dernier. C’est là une signature indubitable : seul l’effet de serre intensifié par nos émissions peut la produire, car il fonctionne jour et nuit, alors que l’influence du Soleil ne se fait sentir que le jour.» Cette influence de l’effet de serre intensifié par nos émissions de gaz carbonique a été quantifiée par les climatologues et se trouve en adéquation avec les températures. En termes d’impacts, c’est là un côté «positif» du changement climatique : la fréquence d’hivers très froids diminue en Europe de l’Ouest.

Est-ce la faute du Soleil ?

Un article scientifique récent (2) propose de chercher dans les coups de mou du Soleil la raison des hivers froids en Europe de l’Ouest. La corrélation entre les deux phénomènes existe sur plusieurs échelles de temps (les auteurs remontent au XVIIe siècle) mais reste limitée. Souvent, elle ne fonctionne pas quand le froid provient d’une NAO négative.
En outre, alors que le Soleil est au plus bas depuis 2004, nous avons certes des hivers froids (2009-2010, 2008-2009 et 2005-2006) mais aussi des hivers nettement plus chauds que la moyenne (2007-2008 et 2006-2007).
L’hiver 2010-2011 sera-t-il plus froid que la moyenne ?
Météo France nous dit oui… mais le Met Office britannique (l’équivalent de Météo France) affirme l’inverse. Etrange désaccord ? Il provient d’une situation exceptionnelle qui intrigue les climatologues. Le Pacifique tropical vit depuis trois mois une forte Niña – un refroidissement temporaire de ses eaux de surface – concentrée sur le milieu de l’océan. A l’inverse, l’Atlantique tropical est très fortement dans le chaud depuis plus de sept mois. De ces deux informations principales, les modèles numériques utilisés pour la prévision saisonnière tirent une conclusion diamétralement opposée. Sur cinq modèles, trois estiment qu’il va faire plus froid que la moyenne et un seul, celui du Met Office, qu’il va faire plus chaud.

Hubert  METAYER


Références

Patrick Galois, prévisionniste à Météo France.

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